Star du piano, Yefim Bronfman nous emporte au cœur du romantisme. C’est l’expression conquérante, mais aussi le caractère intimiste du Concerto de Schumann que le pianiste nous révèle. Un autre chef-d’œuvre nous attend durant la soirée : il nous raconte l’histoire du pantin Petrouchka de Stravinsky. Sous la baguette de Tugan Sokhiev, la lutte promet d’être épique !
SCHUMANN : Concerto pour piano et orchestre en la mineur, opus 54
STRAVINSKY : Petrouchka (version 1947)
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Disciple de Rudolf Serkin, Leon Fleischer et Rudolf Firkusny, Yefim Bronfman est l’un des grands noms de la scène internationale. Ses collaborations avec les plus grands orchestres et une discographie exceptionnelle témoignent de la dimension artistique d’un artiste majeur dans les répertoires romantiques et slaves.
Le Concerto pour piano de Schumann est, précisément, l’un des piliers des concertos romantiques. Une œuvre des plus étonnantes car, à l’origine, Schumann ne composa qu’une fantaisie pour piano avec accompagnement d’orchestre : le premier mouvement. Plusieurs années s’écoulèrent avant que le compositeur ajouta deux autres mouvements. Cette note historique n’est nullement anodine. Elle explique les raisons d’un déséquilibre assumé entre le premier et les deux autres mouvements. L’Allegro affetuoso qui ouvre la partition s’inspire de l’écriture du concerto romantique, à la fois par sa forme cyclique puissamment développée et jusque dans la cadence qui ne laisse aucun répit au soliste. Le second mouvement, Intermezzo, est en réalité plus proche de la musique de chambre que du concerto. Quant au finale, il est enchaîné.
Les quelques lignes que Schumann adressa à Clara, lui confiant ses propres doutes nous éclairent davantage au sujet de l’œuvre : « Quelque chose entre le concerto, la symphonie et la grande sonate. Je vois que je ne peux pas écrire un concerto en vue d’un virtuose, il faut que je songe à autre chose ! ».
L’univers est tout autre avec Petrouchka de Stravinsky, pièce sous-titrée « scènes burlesques en quatre tableaux ». La composition se fit presque simultanément avec celle du Sacre du printemps. On a parfois oublié qu’il s’agissait d’un Konzertstück, d’une partition pour piano et orchestre qui devint un ballet à la demande du mécène et producteur de spectacles Serge de Diaghilev ainsi que du danseur Vaslav Nijinski.
Voici donc trois personnages : Petrouchka, le Maure et la Ballerine. Ils portent l’imaginaire slave et la modernité occidentale. En effet, ils s’éveillent à la vie, éprouvent des sentiments humains et connaissent une fin tragique car Petrouchka, amoureux de la ballerine, mais héros malheureux de toutes les kermesses, finit assassiné par le Maure.
Tugan Sokhiev est l’un des interprètes privilégiés de cette musique qui est est à la fois charnelle, sensuelle et d’une violence extrêmes. Sous sa direction, la lutte des personnages promet d’être épique !
